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Chapitre 1 


 Les nouvelles méthodes 

Les nouveaux visages des Anti-IVG

En France les groupuscules anti-avortement sont en mutation constante. Les prières de rue à genoux avec des photos de foetus morts brandis comme l'étendard d’une lutte sans fin malgré la pluie,sont désormais dérisoires face à l’ampleur de la mouvance.

Les actions “choc” teintées de violences ont laissé place à un discours plus insidieux, plus formaté, ce qui le rend imperceptible dans le vaste monde dans lequel il évolue: le web.

La propagande Anti-ivg fleurit sans entrave dans les méandres de l’internet et n’aspirent pas à s'essouffler tant les lobbies sont actifs.  

Une désinformation


Il y a moins de trois mois lorsque l’on tapait l’acronyme “IVG” dans la barre de recherche le premier site qui apparaissait était www.ivg.net, le site est épuré, les couleurs sont apaisantes, un numéro vert apparaît, la subtilité n’est pas palpable.

Cette interface revêt toutes les caractéristiques d’un site associatif bienveillant et apte à apporter des informations fiables à une femme en quête de soutien. Il n'apparaît nulle part de manière explicite des conseils visant à décourager une femme à avorter.

Aussi, il est ardu de trouver des informations sur les lieux accessibles aux femmes pour avorter. Les données factuelles, utiles n’apparaissent en rien au milieu des témoignages poignants de femmes qui ne se sont jamais remises de leur interruption de grossesse.

Des “conseils” quelques peu douteux sont mis à disposition notamment ceux qui parlent des méthodes naturelles de contraception comme des moyens fiables.

Ces sites sont en réalité ni neutres, ni fiables. Derrière ces numéros verts qui pourraient être confondus avec des numéros gouvernementaux, se cachent en réalité des activistes “pro-vie” ou “anti-ivg”.

Le délit d’entrave à IVG est désormais puni de 2 ans d’emprisonnement et 30000€ d’amende pourtant la propagande “pro-vie” se diffuse sans embûche.

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Les Anti-IVG 2.0 


Leurs méthodes de communication ont changé, ils avancent masqués pour contourner la loi. Il semblerait que leur discours soit plus dangereux tant l’impact est important.

Les actions violentes, donc inaudibles pour la population ont fait place à un discours aux apparences inoffensives mais terriblement redoutable. Ces nouvelles méthodes contribueraient aujourd'hui à rendre plus difficile l'accès à l'IVG. 


Très actifs sur les réseaux sociaux, les comptes Facebook comme ”IVG: vous hésitez, venez en parler” comptabilisent plusieurs milliers de likes.  Ces sites apparaissent aussi en tant que publicités sponsorisées dans les fils d’actualité des utilisateurs qui auraient entré dans un moteur de recherches des mots en rapport avec l’IVG. 


Les réseaux sociaux sont sans conteste un vivier dans lequel les jeunes évoluent, proies faciles et consommateurs d’informations instantanées, ils laisseront défiler sous leurs yeux ébahis, le flot de témoignages ou autres paroles de groupe “antI-IVG” qui avancent masqués.  

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Un discours aiguillé 


Quant aux numéros verts qui apparaissent à foison sur les sites, l'interlocuteur ne parle jamais sèchement et ne somme pas de garder l’enfant. L’avortement n’est pas blâmé et le droit à l’IVG n’est jamais remis en cause. La clarté et la douceur sont mots d’ordre mais le vocabulaire est bien évidemment dirigé.

On ne parle pas d’embryon,  le terme « enfant » est préféré afin d’humaniser ce qui grandit en elles. Le passage sur la comparaison entre l’enfant qui meurt par accident VS tuer l’enfant qui grandit en soi en ayant recours à l’IVG en est un exemple probant.

Najat Vallaud- Belkacem annonçait le 9 janvier 2016 souhaiter la création d'un site officiel sur l'avortement. En plus de cet espace sur Internet, un numéro vert est également mis en place sur le même sujet. Le but étant de contrer la désinformation qu'on peut trouver sur des sites tels qu'ivg.net. 

Le 17 janvier, lors d'une table ronde pour célébrer l'anniversaire de la loi Veil, la ministre des droits des femmes a demandé aux associations de se rendre très actives sur Internet en général et les réseaux sociaux en particulier pour " organiser une contre-offensive" face aux sites pro-vie. 

 Attention désinformation 

Faux sites d'information, témoignages culpabilisants et autres techniques fourbes, voici sur quoi tombent les jeunes filles enceinte en quête  d’information et de soutient.  

Depuis 2013, sur la toile des faux  sites  d’informations voient le jour, parmi eux « ivg.net », « avortementivg.com ». 

Ces sites faussent information et leurs numéros verts continuent de prêcher LEUR « bonne parole». 

Moi, Hélène, écoutante SOS IVG

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Depuis 4 ans je pense avoir sauvé plus d’une vingtaine de bébés voués à une mort injuste”. Cheveux courts et grisonnants, petit foulard autour du cou, elle n’est pas une retraitée comme le autres. Hélène est une écoutante du site IVG.net. Pour elle, il semble impossible de ne pas lutter contre l’IVG, “l'avortement c’est légiférer le meurtre de masse”. Plus qu’une simple interlocutrice, Hélène veut être un point de repère pour ces femmes qu’elle décrit comme perdues. “ Elles ont besoin de moi et un réel lien se crée quand on se confie à ce point à quelqu’un qu’on ne connaît pas. Certaines sont même devenues de bonne copines”.

Cette mère de 3 enfants a été confronté à l’avortement.

“La copine de mon fils, voulait avorter, elle était perdue, je l’en ait dissuadé”. C’est ensuite qu’elle a cherché à aider des femmes dans le même cas. De cette façon elle est devenue écoutante sur ce site qui lutte contre l’avortement.

Je suis une professionnelle”


Elles sont une trentaines de femmes à se relayer sur le site.

Bénévoles, un ou deux jours par semaine selon leurs disponibilités.

Ce qui nous interpelle c'est qu'elles ne sont pas toutes des professionnelles de santé. “ Il y a des infirmières et même des sages femmes, moi je n’ai jamais exercé dans des hôpitaux mais je sais comment parler aux femmes et surtout je sais les écouter. Aujourd'hui je prends mon rôle très à coeur”. Sans diplôme dans le domaine de la médecine, Hélène, comme toutes les écoutantes a reçu une formation de deux semaines pour devenir bénévole du site. “A présent je peux dire que je suis professionnelle”.


Entre écoutantes des liens se sont même tissés, elles s’appellent souvent pour discuter des femmes. “On se voit régulièrement avec certaines. Nous n'habitons pas toutes Paris, c’est parfois difficile. On essaie de se retrouver une fois par an lors de soirées écoutante”.

Hélène pense continuer d’exercer son rôle encore un moment, même si elle est fondamentalement catholique elle ne fait pas ça seulement par conviction religieuse. “Si je peux aider certaine fille à se rassurer par rapport à leur choix j’aurais fais mon boulot, après si elle évite d’avorter grâce à moi j’en suis encore plus heureuse, je les aurai préservées d’un lourd péché”.

J'ai fais deux avortements,

je vais bien merci ! 
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En France une femme sur deux avorte et pourtant peu ose en parler. Nous avons rencontré Marion, qui a eu recours à l’IVG à deux reprises.

Une première fois à 16 ans l’autre à 20 ans. Elle était sûre de ne pas vouloir d’une grossesse et d’un enfant. Même si l’avortement est un mauvais moment à passer, Marion ne regrette pas ses choix, c’est une cicatrice présente mais qu’elle tente d'oublier au fil du temps.

Elle en veut cependant au corps médical très peu présent et culpabilisant.

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